« Pourquoi Daniel Nouraud entreprend-il de tels voyages artistiques ? Non pour aller quelque part. Non pour trouver dans le monde de nouveaux paysages, comme les autres photographes. Non pour engranger de la nostalgie, comme les romantiques. Non pour s’exposer aux dangers de l’inconnu, comme les aventuriers.
Mais alors pourquoi ?
Juste pour se mettre dans un état de réception vierge de toute idée préconçue, où le monde est jeune, frais, innocent, où la nature et l’abstraction ne sont pas incompatibles, où les espèces se côtoient dans une innocence pacifique première, où le très-proche et le très-lointain ne sont plus séparés, où les formes et les couleurs entrent dans des constellations inédites, énigmatiques et réjouissantes.
Il nous en ramène des traces d’un monde joyeux comme un tableau de Mirò ou énigmatique comme un tableau de Paul Klee, des signes qu’il revenait à lui seul de décrypter. Grâce à sa capacité à se maintenir en état de surprise enfantine devant les énigmes du visible, en oubliant toutes les attentes du touriste, du photographe, du romantique, de l’aventurier.
Nouraud voyage avant tout au pays des signes innocents. »
Alain Bergala